Rencontre avec le Professeur RAVELONANDRO Pierre, Président du Comité Pédagogique

Le projet DEFI EAU vise à développer des formations professionnelles collaboratives pour Madagascar afin de répondre aux besoins du secteur de l’eau. Pour mieux comprendre les spécificités et les enjeux de ce projet, nous avons rencontré un acteur clé de cette initiative: le Professeur Ravelonandro Pierre (Université de Antananarivo), Président du Conseil Pédagogique.

En quoi les formations proposées dans le cadre du projet DEFI EAU se distinguent-elles des formations existantes ?

Les formations actuelles dans les institutions d’enseignement supérieur malgaches sont majoritairement académiques et axées sur la recherche, ou professionnalisantes, mais avec des moyens limités. Pour corriger ce manque, le projet DEFI EAU apporte une véritable plus-value en renforçant les capacités des institutions grâce à des équipements modernes, du matériel de laboratoire et des outils pédagogiques innovants. Il inclut également de nouvelles méthodologies d’apprentissage comme la formation à distance et la mutualisation des ressources pédagogiques et humaines entre plusieurs institutions malgaches.

Comment se structurera les formations dans le cadre du Projet DEFI EAU ?

Le projet DEFI EAU, dans la mise en place des différentes catégories de formation, s’est basé sur un travail collaboratif et une mutualisation des ressources. En ce sens, plusieurs travaux collégiaux ont été et seront entrepris pour le développement des offres de formation dans le cadre de DEFI EAU. Le projet prévoit la mise en place de plusieurs formations structurantes : une licence en Énergie et Eau, ainsi que trois masters, chacun spécialisé dans un domaine clé :

  • Master en infrastructures et développement, développé à l’Institut Supérieur de Technologie d’Antananarivo,
  • Master en qualité et diagnostic des analyses de l’eau, dispensé à la Faculté des sciences de l’Université d’Antananarivo,
  • Master en gestion des ressources en eau, proposé à l’École Supérieure Polytechnique de l’Université de Antsiranana.

Mais il est important également de noter que le projet mise aussi, et surtout, sur l’intégration du numérique avec la mise en place d’une plateforme d’enseignement à distance et la formation des formateurs aux nouvelles technologies d’apprentissage.

Le projet intègre à la fois une formation initiale et une formation continue. Quels en sont les enjeux ?

L’un des objectifs majeurs du projet est de proposer des formations non seulement aux étudiants, mais aussi aux professionnels du secteur de l’Eau. Ainsi, un des objectifs de la formation continue est de permettre aux acteurs déjà en poste de mettre à jour leurs compétences via des modules adaptés. Celles-ci peuvent être autant certifiantes ou diplômantes, suivant les besoins des apprenants. Cette partie, « la formation continue », est développée avec notre partenaire, l’ONG Ran’Eau, qui a mené un travail de concertation avec les différents acteurs du secteur de l’Eau (entreprises, ONG, partenaires ou collectivités territoriales : agence de bassin, agence de l’eau…) pour connaitre leurs besoins en termes de formation ou de compétences dans leur travail.

Par ailleurs, le projet DEFI EAU collabore étroitement avec les ministères concernés (le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle et le Ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène) et des partenaires travaillant dans le secteur comme l’Autorité Nationale de l’Eau et de l’Assainissement ou la Jirama afin d’assurer une adéquation entre les besoins du marché et l’offre de formation.

Actuellement, nous sommes dans la phase de finalisation d’un catalogue des offres de formation pour les formations continues, associées aux compétences de chaque équipe et de chaque site de formation partenaire du projet DEFI EAU.

Le projet est aujourd’hui à l’aube du déploiement de l’année test (2025-2026). Où en est le projet aujourd’hui et quelles sont les prochaines étapes ?

Effectivement, l’approche du déploiement de l’année test met en exergue les enjeux stratégiques pour que le projet parvienne à ses objectifs. Le travail préparatoire a été crucial. Les offres de formation ont été élaborés en concertation avec les institutions académiques et les ministères concernés, puis soumis pour validation aux instances compétentes. Déposés au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique en Novembre 2024, ces programmes sont actuellement en cours d’évaluation par la Commission Nationale d’Habilitation. Le déploiement effectif des formations dans le cadre du projet DEFI EAU devrait suivre la validation, l’installation des équipements et la mise en place de la plateforme de formation à distance.

Déploiement de l’année test (2025-2026), qui seront les cibles et quelles parties des formations proposées dans le cadre du projet DEFI EAU seront déployées ?

Oui, comme tout projet, nous avons des obligations de résultats et des livrables à présenter. Dans ce sens, pour évaluer le projet, nous pensons lancer l’année test sur la prochaine année universitaire (2025-2026). Nous avons particulièrement opté pour tester le diplôme de licence L3 et le diplôme de licence M2 pour chaque spécialité des 3 Masters proposées dans le cadre du Projet DEFI EAU. Un choix qui est principalement en accord avec la délivrance du diplôme pour chaque apprenant qui participeront à ces formations.

Comme toutes offres de formation, il y aura soit des concours d’entrée soit des sélections de dossier, suivant les cas de chaque institution. Si nous prenons l’exemple de l’Université d’Antananarivo, où la Faculté des Sciences est rattachée, les modalités d’entrée seront une consultation des dossiers des inscrits. Pour les institutions en régime école, l’entrée se fera par voie de concours.

En somme, le projet DEFI EAU marque une étape décisive dans l’évolution des formations sur les métiers de l’eau à Madagascar, avec une approche novatrice et collaborative qui vise à répondre aux défis actuels et futurs du secteur. Nous sommes aujourd’hui à l’approche du déploiement de l’année test.